par BrunoM » 18 Oct 2020, 12:58
Sur le principe je ne suis pas contre passer à une agriculture plus raisonnée sauf que cela pose plusieurs problèmes:
1 - Il n'y aura pas d'agriculture raisonnée sans hausse des prix et baisse des rendements. C'est une illusion de penser autrement. Cela veut dire:
1.1 soit une augmentation de la part du revenu des ménages affectée à l'alimentation et par le jeu des vases communicants la baisse de la part consacrée aux autres activités (loisirs, électronique, etc.). Il doit donc y avoir un arbitrage du pouvoir d'achat qui sera perçu pas les ménages comme une baisse de ce même pouvoir d'achat. Je suis personnellement tout à fait d'accord de payer plus pour manger mieux et plus sain.
1.2 soit des subventions pour maintenir les agriculteurs à flot ce qui revient au même car ce sont les impôts qui payeront et une redistribution d'argent qui ne se fera pas ailleurs (hôpitaux, éducation ou justice par exemple). Je suis contre ce système de subventions car je le trouve pervers et néfaste au final même si il semble indolore.
2 - Passer à une agriculture avec plus de mains d'œuvre et moins d'intrants dans un marché ouvert reviendrait à se faire inonder de produits agricoles par des pays qui se contrefoutent de l'environnement. Je pense par exemple au Brésil (entre autres) qui a d'immenses exploitations mécanisées, brûle ses forêts et tue ses indiens et du coup maintient bas les prix agricoles au niveau mondial (sucre, soja, etc. ). Du coup vous augmentez les coûts en France et maintenez bas les cours mondiaux ce qui revient au final à fusiller votre agriculture ou à la subventionner à mort (cf point 1.2.)
Dans les circonstances actuelles, il y a de la place pour une agriculture dites raisonnée que pour:
- les marchés à forte valeur ajoutée où les produits sont peu concurrencés par l'extérieur
- une volonté politique comme par exemple vouloir que toutes les cantines servent du bio. A noter que dans ce dernier cas il s'agit de subventions payées par les mairies car le prix du repas n'augmente pas.
- une frange de la population qui soit a de bons revenus soit a une conviction suffisante. Cela devient souvent du marketing quand on voit tous les produits dits bio qui n'en ont que le nom! Mais c'est peut être la voie la plus intéressante pour le futur.